Défendre les droits des femmes en période de pandémie

Défendre les droits des femmes en période de pandémie

Depuis mars 2020, tous les Etats membres du Conseil de l’Europe, bien qu’à des degrés différents, ont dû imposer à leur société des restrictions sanitaires sans précédent, en raison de l’épidémie de Covid 19, qui ont eu des répercussions indirectes sur l’économie et la sphère sociale. Si chacun en a ressenti les effets, l’épidémie a également exacerbé les inégalités de genres préexistantes. 

Notre Organisation, et notamment l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), a, à de nombreuses reprises, rappelé que les droits de l’homme sont d’autant plus importants en période de crise. Les Femmes du Groupe des Socialistes, Démocrates et Vert.e.s, souhaiteraient souligner que les droits des femmes, pierres angulaires des droits humains, sont davantage menacés en période de crise, et à ce titre, devraient être protégés en conséquence. Nous encourageons tous les membre de l’APCE à se joindre à nous et à appeler les autorités nationales à se conformer aux conventions et dispositions adoptées par le Conseil de l’Europe. 

L’une des problématiques est celle de l’augmentation des violences domestiques faites aux femmes, accentuée par l’épidémie de Covid 19. Les violences sexistes se propagent également et devraient être traitées comme l’épidémie, en prenant toutes les mesures nécessaires pour y mettre fin. La Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, dite « Convention d’Istanbul », constitue aujourd’hui le cadre juridique le plus abouti, nécessaire et efficace dont nous disposons. Elle donne aux Etats membres la responsabilité de la prévention et de la protection des violences. Nous, les Femmes du Groupe des Socialistes, Démocrates et Vert.e.s, incitons vivement les Etats membres qui ne l’ont pas fait, à ratifier la Convention d’Istanbul le plus rapidement possible. Nous invitons tous les Etats parties à la Convention d’Istanbul, à la mettre pleinement en œuvre. Enfin, nous encourageons les Etats membres souhaitant quitter la Convention d’Istanbul à mettre fin à ces discussions et appelons tous les parlementaires et parties prenantes à continuer à sensibiliser autour des solutions-clés apportées par la Convention d’Istanbul.

Par ailleurs, la crise liée à la Covid 19 a creusé les inégalités sociales et économiques dont sont victime les femmes et les jeunes filles. La période de confinement imposé a eu pour conséquence d’augmenter le travail domestique des femmes, contraignant nombre d’entre elles à laisser de côté leur carrière professionnelle. Le travail non rémunéré et réalisé par les femmes a augmenté de façon dramatique. Les femmes ont eu plus de mal à s’insérer dans la vie active. Beaucoup des difficultés structurelles rencontrées par les femmes en raison du caractère inégalitaire du marché du travail ont été aggravées par l’épidémie de Covid 19 ; les femmes sont moins rémunérées, occupent davantage d’emplois précaires et se retrouvent dans des situations économiques et sociales délicates. Nous encourageons les autorités nationales à prendre toutes les initiatives possibles afin de promouvoir et mettre en œuvre les dispositions de la Charte Sociale Européenne du Conseil de l’Europe qui fournit un cadre ferme pour lutter contre les conséquences pérennes de la crise et porte une attention particulière sur le développement durable.  

Enfin, les mesures de confinement liées à la Covid-19, ont particulièrement affecté la santé mentale des femmes et jeunes filles. Angoisse, augmentation du stress et dépression sont autant de conséquences invisibles de l’épidémie. Des recherches menées au Royaume-Uni ont démontré que la santé mentale des femmes s’était détériorée deux fois plus que celle des hommes au cours des derniers mois. Cet écart concernant le bien-être est aussi la conséquence de facteurs socio-économiques, et nous ne pouvons plus rester silencieux à ce sujet. 

Nous demandons à nos responsables politiques nationaux de cesser de négliger le droit des femmes à l’égalité.